l'ascension du Mérapi
Je suis cette fois décidé à grimper à mon tour le Mérapi, seul. Au soir, je fais quelques recherches sur ce volcan encore en activité, et comme toujours, je tombe sur une phrase qui tue : « ne pas y aller solo, car il y a eu des fatalités » !! Ling me trouve un motard pour m’emmener dès 5 h du matin au départ du sentier vers le village de Kota Baru. J’ai du mal à m’endormir, un peu inquiet.
Le motard me dépose à la nuit malgré la pluie fine, et j’attaque le large chemin traversant des maraichages et après un kilomètre, je pénètre dans la forêt, ça monte léger puis plus raide de racines en racines qui servent de marches. Cris d’oiseaux, quelques mouvements de singes. Je passe des petites clairières servant parfois de campement, avec les détritus habituels. Je mouille vraiment la chemise malgré la fraicheur matinale. L’altimètre indique ma progression, assez rapide, environ 500m à l’heure, de 1370 m au départ du sentier, me voici à 2000, puis vers 10h à la cote 2500m où la végétation se raréfie. Je n’ai vu personne en montant. Je passe un groupe de tentes occupées par des jeunes locaux dont certains sont déjà en haut. Je grimpe maintenant les pieds roulant sur les cailloux de lave. La pluie fine qui avait cessé reprend et la visibilité reste médiocre, pas moyen de voir le sommet, je ne sais même pas de quel côté il est! Je ne vois plus de chemin marqué et avance un peu au hasard, voyant par-ci par-là quelques cairns ou marques de peintures.
Je passe un petit sommet à 2683m, avec une stèle dédiée à des randonneurs disparus, et me dit que ça me servira de repère pour trouver le chemin au retour, avec les tentes encore visibles au-dessous. Je suis monté un peu vite et souffre un peu, je ralentis le pas. Je traverse une sorte de plateau et arrive brusquement sur un précipice empli de brume. Je ne sais pas si c’est le cratère. Les nuages ne me laissent deviner qu’un sommet sur ma gauche, que je vais gravir. Est-ce le bon, j’essaie de me convaincre que oui, pressé de redescendre car déjà inquiet avec ce brouillard. Mais mon alti indique à peine au-dessus de 2700m, il peut être faux. Je redescends, longe à nouveau le précipice, puis entend des cris, je distingue bien « Allah Akbar » !! Je pense que ça vient d’un village en bas, puis plus loin, je vois trois ombres avancer vers moi, trois jeunes grimpeurs qui me disent venir du sommet, qui est donc devant moi. Effectivement, je devine une montée perçant le brouillard. Les jeunes me disent aller vers la descente qui me semblait être plus devant moi et ça me trouble, car ils ont l’air sûr d’eux et l’un doit être guide. J’avais presqu’envie de leur demander de m’attendre, mais les laisse s’éloigner et j’emprunte l’arête qui mène rapidement au sommet, du moins le Merpati à 2757m, le vrai sommet Mérapi étant en fait à plusieurs km et accessible d‘une autre voie. Je ne vois évidemment rien, mais bon, je l’ai fait !