De très longs escaliers me permettent de descendre dans le canyon aux parois impressionnantes, d’aller me tremper dans la rivière, puis remonter encore par de longues marches de bétons pour me rendre au village des orfèvres de Koto Gadang, parcours chaud et exténuant.
En compagnie de Ling et ses amies, je reprends le vélo pour aller loin dans le canyon jusqu’à d’immenses bungalow de bois sur pilotis faisant office de bar et restaurant, vraiment très agréables en bord de rivière où pataugent des gamins, avec vue sur un petit mont pointu où a poussé juste à la pointe un arbre. Au retour, je pensais secrètement aux difficultés qu’allaient rencontrer les filles pas très habituées au vélo, pour remonter la pente bien raide du canyon. Mais j’ignorais qu’un pick-up les attendait en bas. J’ai refusé l’offre, et les ai bien impressionnées en montant presqu’aussi vite qu’eux.
Bukittinggi, comme toute la région de Sumatra ouest, est le pays des Minangkabau, qui l’auraient peuplée depuis un millier d’années avant Jésus-Christ, pour fonder une société matrilinéaire, les biens se transférant de mère en fille. L’architecture se caractérise par des toitures en corne de buffle. S’il subsiste beaucoup d’anciennes maisons de ce style, on ne construit maintenant avec ces toits demandant des compétences particulières et coûtant chers, que les bâtiments administratifs, et quelques maisons particulières pour de riches propriétaires.

On peut visiter des maisons plus que centenaires dans les environs, construites sans clou ainsi que des musées, la reconstitution du palais royal, des ateliers d’artisans sculptant des bas-reliefs en bois, des fabriques de batiks, en admirant la campagne riche en rizières, maraichages, plantations de cannelle, mangues, avocats, papayes…
Je repars à vélo en direction de Payakumbuh et du canyon d’Harau à une cinquantaine de kilomètres par une bonne route, avec un peu de trafic, un dénivelé modeste, jalonnée de belles rizières. Puis du village d’Harau, une route étroite de 3 km mène au canyon encaissé entre des falaises d’une centaine de mètres. Quelques habitations dispersées, des rizières, avec les drapeaux de toile ou papiers volant au vent pour chasser les oiseaux. Une petite pancarte annonce Abdi Homestay par un chemin à gauche, recommandé par Ling. Les 3 bungalows de bambou sont blottis dans un creux au milieu des rizières, presque sous la falaise où coule doucement un filet d’eau alimentant un bassin cimenté, servant de lavoir, de salle de bain, et de piscine pour les enfants. Quelques singes s’enfuient dans les buissons au pied de la paroi à chaque passage. Je découvre à pieds les environs, vite limité par l’eau des rizières ou de la boue, il a plu beaucoup ces jours-ci.
