Ça  descend légèrement le long de la moraine du glacier Khumbu et j’arrive peu avant 13h au hameau de Lobuche, petit groupe de lodges, une en construction, et je choisis un peu au hasard « above the clouds », qui s’avèrera un bon choix, avec une bonne couette dans la petite chambre, une grande salle à manger aux baies vitrées, chauffée à la bouse de yak séchée à partir de 17h. Il y a là un groupe de 5 Iraniens faisant un grand tour avec guides, porteurs, tentes, pas de cuisiniers car ils ont amenés leurs plats cuisinés. Ils ont fait des ascensions, le Mera Peak, l’Island Peak…en remplacement du Cho Oyu qui leur a été interdit au dernier moment parce qu’ils sont Iraniens. En 3 jours, ils vont aller au Kalapatthar, au camp de base, et rejoindre Lukla.
Un peu plus loin, deux lodges de luxe proposent des chambres chauffées à 20 dollars.Avec les Iraniens, un couple de Néo-Zélandais, des Japonais de 70 ans très méticuleux, je vis ici une de mes meilleures soirées. Un des Iraniens me dit que Sébastien a probablement eu une infection à l’œil. Ils offrent un petit cadeau à chacun.

24/04/2010 Lobuche à Gorakshep (5140m) 1h45-camp de base de l’Everest (5364m) 4h40 A/R dont 1h au camp
Je pars seul à 6h, alors qu’il gèle encore, remontant le long de la moraine, je rejoins Dylan et son guide en pause, qui étaient aussi à Lobuche. Je ressens la fatigue d’hier et traîne un peu sous le ciel bleu du matin.
A Gorakshep, je choisis une des plus grandes lodges, le Snowland. Il y a plus de monde qu’à Gokyo. Le groupe de lodges dominent un grand plat sableux d’où partent, sur le nord-ouest, le sentier grimpant au Kalapatthar, et sur le nord-est, le sentier d’abord plat menant au camp de base. De nombreuses perdrix hantent les lieux.
Dés 9h, je repars pour le camp de base, sur le chemin évident, en balcon, puis sur la crête de la moraine. Malgré un peu de fatigue, j’avance bien, après 1h, j’arrive en vue du camp de base et de ses centaines de tentes au pied du glacier, vue étonnante à plus de 5000m, mais c’est le camp de base du plus haut sommet du monde. Pour les rejoindre, je descends dans des éboulis pour remonter vers le gros cairn entouré de drapeaux à prière, marqué camp de base de l’Everest, pour les photos !
Puis je descends vers les tentes, et me balade dans le camp. Certains sont bien installés au soleil, avec fauteuil, grill. Je remarque un vélo de randonnée perché sur un monticule, un type assis en dessous. J’apprendrai par la suite qu’il s’agit du Népalais Pushkar Shah ayant voyagé 11 ans à vélo visitant 150 pays (histoire un peu controversée), et qui doit tenter l’Everest dans les jours qui viennent. Un type compresse au marteau les boites de conserves et canettes. Les déchets sont remmenés à dos de yak.

Les tentatives se succèdent, il faut environ trois semaines en tout avec la préparation, la montée aux camps 1, 2, 3…Un corps vient d’être retrouvé dans la pente, j’apprendrai demain la mort d’un grimpeur pendant l’ascension, la routine ! Guides et porteurs paient aussi leur tribut.
Je visite sous une grande tente l’exposition photo sur la fonte des glaciers, de plus en plus dramatique, et qui à plus ou moins brève échéance, restreindra l’approvisionnement en eau des populations plus bas. Tout le monde en a conscience ici, mais la présence de centaines de tentes y participe un peu, en fait moi aussi à un certain niveau !
Pas trace de la pâtisserie dont on m’avait parlée. Je me contente à midi de chocolat et gâteaux secs. Je prends le chemin du retour sous les nuages et dans un vent frais.