23/04/2010 Thagnak (départ 5h)-Cho La (5368m) à 8h-Dzonglha (4830m) de 10h à 10h30-Lobuche (4910m) à 12h45
J’ai mal dormi, je me suis relevé deux fois. Un Russe à côté a hurlé dans son téléphone un bon moment et tard. A 4h, les Italiens bougent, je me lève à 4h15, petit déjeuner avant la foule à 4h30 et je décolle le premier à 5h.
Je marche seul sur le sentier encore sombre grimpant dans le silence troublé parfois par le caquètement des perdrix. Après une quinzaine de minutes, je devine en bas le départ des porteurs des Italiens. Je me sens bien, un peu inquiet d’être seul ne sachant pas ce qui m’attend. L’envie d’arriver le premier grandit dans mon cerveau encore pollué d’esprit compétitif et je maintiens les porteurs à distance. Ils marchent plus vite mais s’arrêtent souvent. Le soleil éclaire les sommets.
Le sentier reste longtemps direction nord-est en montant, maintenant sur du caillou, puis redescend dans une sorte de vallon, bien marqué, et visible de loin. Portant mon regard plus loin sur ma gauche, je vois un glacier sur une sorte de col que je crois d’abord être Cho La, et vers lequel je me serais bien dirigé s’il n’y avait eu ces cairns m’indiquant la direction de gros pierriers tout droit. Parti depuis deux heures en marchant assez vite, n’ayant comme toujours que très peu bu avec ce froid, je ressens un gros coup de fatigue alors que ça grimpe très sec dans ces immenses blocs. J’ai fugitivement l’envie de redescendre en courant pour souffler plus bas !
Mais je continue tout doucement, m’appuyant tous les 3 pas contre un bloc, et malgré mon extrême faiblesse, j’avance un peu. 2 porteurs me rattrapent, voyant que je peine, ils me demandent si ça va, oui, oui ! Tu parles ! Je les garde en vue. Je crois apercevoir le col, mais me méfie de ces ressauts successifs qu’on rencontre souvent en montagne. Je croise un belge qui descend et me confirme que je suis juste en-dessous. Je fais semblant d’aller bien.
Me voilà rassuré, ça me donne un petit coup de fouet pour les derniers pas, et je pose les pieds au col, finalement 3h seulement après Thagnak, retrouvant les 2 jeunes porteurs fous de joie d’être arrivés là, peut-être leur premier passage ici, avec leurs trente kilos alors que je n’en ai que 7 ou 8.
Un jeune Russe sans sac arrive aussitôt avec son guide/porteur. Assis, je récupère très vite et commence à m’inquiéter de la descente. Je ne comprends pas où ça passe. Finalement des porteurs arrivent en face, c’est tout droit sur le glacier, légèrement incliné. Le soleil tape dessus, ça fond.
La vue est belle, mais pas exceptionnelle.
Je me lance sur le glacier, marchant sur une fine pellicule d’eau, ça glisse quand même un peu, il n’y a pas de crevasses. Enfin sorti du glacier, je me retrouve dans d’énormes blocs plantés dans de la neige et de la glace, de l’escalade facile mais délicate sur la glace, une chute pourrait faire de gros bobos. Je croise quelques trekkeurs.

Et voici un petit plateau abritant un lac dans lequel le jeune russe pique un plongeon, dans une eau guère au-dessus de 0° !
C’est finalement plus beau ici qu’au col, vue en profondeur sur le ressaut herbeux abritant Dzonglha, le sentier en balcon menant sur Lobuche, et sur la droite en enfilade, des plus de 6000m enneigés, Arakam Tse, Cholatse, Taboche…
Le sentier maintenant facile d’abord raide puis en pente douce me descend rapidement à Dzonglha, suivi de près par le Russe et son guide.
1/2h de repos affalé sur une chaise au soleil. Les lodges rudimentaires, l’une au moins avec dortoirs, ne donnent pas très envie de faire étape ici, je n’y vois personne à cette heure. Le gérant s’inquiète de qui descend, je lui parle des 14 Italiens.
Je prends le sentier en balcon pour Lobuche, un des plus beaux du trek avec deux belles montées et une superbe vue sur les 6000m, qui semblent tout près, aux pentes verticales plâtrées de neige. Je vois aussi la vallée et les villages.
Quand je prends la direction nord-est, j’aperçois en face le col Thokla où se croisent de nombreux trekkeurs venant où allant au camp de base.