26/04/2010 Dingboche à Chhukhung (4730m) 2h- ascension du Chhukhung Ri (5550m) 4h A/R
Je monte régulièrement plein est prés de la rive d’un torrent sur un bon sentier entre des petits épineux et de courts sapins, le soleil en pleine poire. Je croise quelques locaux et un petit groupe d’occidentaux.
Au loin l’Island Peak paraît, d’ici, plutôt facile à escalader, le glacier terminal, pas trop pentu, n’aurait qu’une crevasse équipée d’une échelle. Je mets deux petites heures pour rejoindre Chhukhung et ses 2 ou 3 lodges.
Je m’arrête à la première qui m’a l’air bien agencée, le réfectoire que les rayons de soleil chauffent au travers des baies vitrés, une salle à manger pour le soir avec le gros poêle central, et dans un grand bâtiment de pierre en face les chambres pas trop petites et bien isolées, avec les WC et les douches.
Comme il est tôt, un Italien là pour faire l’Island Peak, me propose de l’accompagner au Chukhung Ri (5550m), tout proche mais qu’on ne voit pas. Finalement, il changera d’avis pour aller s’entrainer avec son guide, et je pars seul à 9h15. Le chemin traverse un torrent encore gelé, puis monte sur le flanc gauche de la vallée.
Je progresse assez lentement déjà, ne sachant pas trop ce qui m’attend. Je vois loin le sentier devant et derrière, personne en vue, je serai le seul à grimper ce jour.
Après 1h30 de montée, alors que la végétation a disparu, je vois plusieurs sommets et je ne sais pas lequel est le Chukhung Ri. Je n’ai pas pris ma carte et ne l’ai même pas regardé avant de partir.
Puis arrivé sur une arête avec de nombreux cairns, joignant deux sommets, j’hésite. Peut-être que celui au sud-ouest très proche à l’air débonnaire serait le Ri,  et l’autre plus haut et plus loin au nord-est à l’air accessible aussi serait le Chukhung à 5833m. Mais plus loin au nord au-dessus d’une sorte de magnifique cirque se détache un autre sommet qui pourrait être aussi le Chhukhung.
De l’arête, je vois des sommets que je ne sais nommer, mais il doit y avoir le Makalu (8460m), le Nuptse (7864m), le Lhotse (8516m), le Barentse (7152m)…
Je paris nord-est, longe la crête pour rejoindre le début de l’ascension, dans des ardoises délitées. C’est de l’escalade facile, mais je teste chaque prise, je fais attention dans des passages aériens. Quoiqu’à bien plus de 5000m, je me sens vraiment bien.
Après un raidillon dans un éboulis d’ardoises, pas bien marrant et un peu flippant, je me retrouve dans une zone raide, mais plus protégée, et à 11h30, je suis au sommet parmi les drapeaux à prière, jouissant un moment du panorama une nouvelle fois grandiose, mais les nuages cachent déjà les sommets lointains.
J’enchaine sur l’autre sommet, de la marche facile le long de l’arête, couvert de dizaines de cairns, avec un beau point de vue aussi.
Descente d’abord tranquille, heureux d’avoir fait seul ce dernier 5000m, mais pensant aussi à tous ceux qui s’aventurent sur les 8000m, des costauds ! Puis je me mets à courir, par jeu, dans les zigzagues de la dernière pente, fondant rapidement sur les toits verts de Chukhung. En bas, je me jette sur la carte, c’était bien le Chhukhung Ri, l’autre n’étant qu’un point de vue à 5404m.
Pizza frites pour la récompense. Sieste jusqu’à 17h sous la couette toute neuve, 17h parce que le poêle commence à ronfler dans la salle à manger.
Je sympathise avec une Malaise et un Suisse, randonneurs comme moi, la plupart des autres, 7 ou 8 au plus, s’attaqueront après-demain à l’Island Peak après un bivouac dans la pente.