27/04/2010 Camp de base Island Peak (4970m) puis Chhukhung à Dingboche (4285m) 5h30
Le chemin grimpe vers l’est sur la moraine visible du hameau, en redescend, part nord-nord-est, puis est à nouveau, pour suivre sur un sol sableux une autre moraine fermant le lac Imja, face à l’Island Peak.
La moraine cache le lac. Je retrouve la jeune Malaise, qui avance péniblement avec son guide. Je commence à apercevoir le camp de base, mais plutôt que de le rejoindre, un peu avant, je décide de grimper sur la moraine pour voir le lac, grimpette fastidieuse dans des éboulis et entre de gros blocs. Gelé et recouvert de neige sauf aux bords aux eaux verdâtres, le grand lac dort enserré entre moraines et fortes pentes. A son extrémité ouest que j’ai rejointe sur la moraine, deux tous petits lacs émergent du décor par leur couleur, l’un vert foncé, l’autre vert pastel. Je rejoins le sentier, le retour me paraît plus long, je croise des porteurs montant au camp de base de l’Island Peak.
Après une soupe à Chukhung, je rejoins avant 13h la Sherpa lodge à Dingboche, ce petit endroit que j’adore. Je fais une sieste en attendant qu’il me chauffe de l’eau pour la douche dans cette espèce de congélateur en plastique.
Une fois rhabillé, je suis ravigoté et vais errer dans le village, passant bien sûr à la pâtisserie allemande où je déguste café et chaussons seul dans la grande salle froide, et où je tombe sur une revue qui raconte l’histoire du fameux Pushkar Shah, Népalais ayant voyagé 11 ans à vélo dans 150 pays (le vélo que j’ai vu perché au camp de base), et qui s’attaque en ce moment à l’Everest.
Le brouillard poussé par un vent glacial envahit la vallée et le village.
Collé au poêle dés 17h, seul client, je discute avec le jeune gérant, climat, politique (la situation du Népal est catastrophique), écoles…Puis lecture. Pour le diner, je commande des swiss röstis, incroyable comme les menus voyagent !
Au lit à 19h30, lecture, radio.
28/04/2010 Dingboche à Tengboche (3860m) 4h
Nuit moyenne, rêves étranges.
Ça descend légèrement en balcon au-dessus de la tumultueuse rivière. Soleil et pas de vent. Je fais une pause à la petite tea house de Tsuro, point de jonction avec le sentier de Gorakshep.
Plus bas à Syomare, un superbe village en escalier, les gens semblent me regarder bizarrement.
Des écoliers partent sans se presser à l’école de Pangboche à une bonne demi-heure. A une fourche avant ce village, je les suis ne sachant pas trop où passer.
Eux prennent des raccourcis. Je me retrouve dans la partie haute de Pangboche, où se trouve l’école et le monastère, et d’où part le sentier impressionnant menant en 4h à Phorche. Le monastère vieux de 6 siècles est fermé. Je prends le sentier en lacets très pentus qui rejoint, entre pierres et sapins, le village bas de Pangboche, aux grands champs entourés de murets de pierres.
J’arrête dans une lodge haut de gamme. Il y a là des représentants d’un tour opérateur, Bang Aventures, qui disent avoir une équipe sur l’Everest.
Ça frime un peu. Photo d’une emprunte de Yéti,  et de Messner qui a séjourné ici. Je leur aurais bien laissé ma photo !!
Le chemin descend encore, traverse la rivière sur un pont de fer tout neuf, pour remonter dans les sapins, les rhododendrons fleuris, les chants d’oiseaux que n’écoutent même pas les nombreux trekkeurs que je croise maintenant, tant occupés à babiller entre eux.
Tengboche, perché sur un large replat, reste un des lieux les plus visités, plus de 60000 visiteurs par an, chiffre en constante augmentation, grâce à sa situation sur le trek de l’Everest, mais aussi à son monastère, le plus prestigieux du Khumbu, dirigé par le Lama Ngawang Tenzing Zangbu, abritant une trentaine de moines. Le  grand maitre s’évertue à tout faire pour préserver l’environnement, gérer  par exemple les problèmes d’eau générés par cet afflux de touristes, trouver des financements pour maintenir le monastère en état, assurer la formation des moines dans le respect de la culture sherpa. L’excellent musée et éco-centre y contribue. Je photographie toutes les planches illustrées racontant l’histoire et les principes du bouddhisme, pour les relire un jour, peut-être…
On y voit aussi, outre les statistiques, des photos du hameau en automne au moment de la grande affluence, on voit des gens, des tentes, des yaks, partout sur le plateau, alors que là, on est bien peu nombreux et il fait beau au moins le matin.
De fortes averses tombent sur le village dans l’après-midi, les éclaircies dégagent l’Ama Dablam tout prés, et les sommets environnants
Comme Sébastien à Thagnak, j’ai l’œil droit tout rouge, et coulant. Je mets du Dacryon, ça se passera en un jour et demi, avant de reprendre à l’œil gauche, même traitement, même durée.
Le soir, il fait trop chaud dans la salle à manger, on est tous en t-shirt. Les Russes picolent un peu, de l’alcool fort, ils sont un peu bruyants mais ça reste raisonnable. L’un deux gratte sa guitare et chante, une voix superbe, ça calme tout le monde.
Yak au riz/curry, bon plat.