La trace longe un torrent, monte un peu puis suit la moraine, passant par les premier et deuxième lacs, jusqu’à Gokyo, au bord du troisième lac, plus grand, bleu/vert, dans un superbe environnement, qu’on atteint à 8h30.
Le groupe de lodges est sous la moraine, nous allons à la Cho Oyu lodge, plus modeste que les autres, et qui accueille plutôt les randonneurs  indépendants, tenue par une femme efficace et sympathique. Les salles à manger toujours très claires, entourées de baies vitrées permettent de garder la vue sur les montagnes.
Café, crêpes, puis comme il fait toujours beau, je décide d’aller faire le sommet en face, le Gokyo Ri à 5360m. Le guide de Dylan veut absolument me montrer le chemin alors qu’on le voit de la  lodge, je n’arrive pas à l’en dissuader, j’aurais mieux fait de ne pas marcher avec eux, mais Dylan est très sympa.Enfin au pied du lac, il me lâche, et j’attaque la pente raide en zigzagues. Je fais de très courtes pauses pour ralentir un peu les battements du cœur, j’avance assez vite car des nuages commencent à s’accrocher aux sommets du côté de l’Everest. Je rattrape un type qui n’atteindra pas le sommet où je suis en 1h30, juste avant que les nuages ne fassent disparaître la vision magique sur entre autres l’Everest discret d’ici, et un paysage grandiose sur 360°. Je suis seul là dans le froid avec ma doudoune, les gants, le bonnet. 20 minutes à rêver, et je redescends en courant presque en ramasse en 30 minutes.
Je croise Christine et son porteur qui montent malgré la vue maintenant bouchée.
La douche chaude est à 400 roupies, je vais me laver dans le torrent, brrr !
Après un peu de repos, je monte en fin d’après-midi sur la moraine, pour voir le glacier Ngozumba, caché presque entièrement par les éboulis, et ses nombreux petits lacs verts. Je vois des porteurs remontant la moraine en zigzaguant dans les pierriers, viendraient-ils de Thagnak ! Il se confirmera que oui, l’ancien chemin qui partait un peu avant Gokyo juste en face de Thagnak n’est plus pratiqué à cause de l’évolution du glacier rendant difficile le passage.
Dodo à 20h.
21/04/2010 Gokyo 4ième, 5ième, et 6ième lac (5419m) 6h30 A/R
Ciel tout bleu. Ça part plein nord en remontant le cours du torrent. J’ai laissé Dylan et son guide partir devant, j’ai envie de marcher seul. Je vais rapidement les rattraper, ils sont en pause, je les salue et passe. Je n’ai rien pris à manger, que de l’eau et des gâteaux secs. Le sentier monte légèrement parallèlement à la moraine, et en une petite heure, je suis au 4ième lac, presque tout gelé, blanc et vert, dans le silence et la sérénité. Au-dessus du lac, le chemin est un peu confus avec des cairns en bas, en haut. Je choisis le haut, mauvaise pioche : je me retrouve en haut de la moraine où se distingue un bon chemin que j’emprunte en confiance, sûr de moi, voyant des traces de pas. Le glacier en bas, exposition de montagnes en haut.
Après 1/2h sur ce sentier, je me retrouve devant un éboulis, plus de chemin ! J’hésite et  choisis de rebrousser chemin, encore mauvaise pioche ! J’étais au niveau du 5ième lac, et il m’aurait suffit de traverser dans les pierriers sur ma gauche pour le rejoindre.
De nouveau au 4ième lac, je descends rejoindre les 4 petits cairns d’où je reprends plein nord dans une sorte de canyon entre la moraine et une crête, le sentier facile en courbe de niveau jusqu’au 5ième lac à 5000m. Je réfléchis un peu cette fois avant de trouver le bon chemin en direction du 6ième lac, qui monte un peu, zigzague dans la pente pour éviter les éboulis. Je commence à fatiguer un peu, ne m’arrêtant jamais, ne buvant presque pas. A chaque ressaut, je crois que je vais découvrir ce dernier lac, mais ça continue, face au Cho Oyu (8188m) et son glacier, qui ont l’air tout près. Puis peu après 10h, je découvre enfin d’une arête le magnifique 6ième lac à 5419m, gelé aussi, au pied du glacier du Cho Oyu (8201m). Je vais jusqu’au pied du lac, puis remonte un peu pour dégager mieux la vue. J’apprendrai après qu’en montant un peu plus, j’aurais pu voir Everest, Makalu et Lhotse. Pas trace de Dylan et son guide. A 10h30, je suis sur le chemin du retour. Je rencontre Christine et son guide qui ont fait la même erreur sur la moraine.