Je dine au Canyon Café à côté de la Hello, où ils servent outre de bons plats, des copieuses salades de fruits, en compagnie d’un couple de Français ayant grimpé le Mérapi ce jour avec un guide, un peu dans le brouillard. Ils me confirment qu’on peut le faire seul, le risque majeur étant de ne pas retrouver le chemin de descente car en haut, sous le sommet, tout se ressemble sur le plateau de pierres de lave uniforme.
Je veux déjà aller jusqu’au
lac Maninjau à 37 km, et pars vers 7h30, par le raccourci qui passe dans le canyon et doit donc en sortir par de raides pentes. Et même après, ça monte et ça descend sur une douzaine de kilomètres, le plus souvent dans la forêt et avec des vues magnifiques sur le canyon et les montagnes au loin. A 8 km du lac, je suis encore à 1100m d’altitude. Je vois beaucoup de pick-up transportant des chiens. C’est dimanche, jour de chasse aux sangliers qui ravagent les récoltes. Les Minangkabau, musulmans, ne mangent pas cette viande et les chiens font la curée. Le premier virage de la descente, n°44, se présente enfin sous un ciel nuageux. Ça plonge dans une pente de 8 à 10 % en moyenne. Je dois être prudent dans les virages en épingle, où motos, van, bus, pick-up, se déportent aisément. S’il faisait un peu frais en haut avec ce petit vent, ça se réchauffe vite en perdant de l’altitude.
Le soleil réapparait par instant, laissant voir le lac entouré des crêtes du cratère qui l’abrite. Outre de la forêt, Je passe des rizières, de la canne à sucre, des maraichages. Les singes sont tous massés dans un virage, ils sont occupés quand je passe, ouf ! Ils me faisaient peur, car ils peuvent être agressifs. Et voilà le virage n°1, le bord du lac, le village de Maninjau, et je prends à droite, longe par une bonne route les bords de l’eau sur 4 ou 5 km, avant de prendre le petit chemin serpentant entre les rizières pour rejoindre Arlen Paradise, groupe de bungalows juste au bord de l’eau, où après quelques hésitations, on me trouve un bungalow. Cocotiers, petite plage, hamacs…Oui on peut appeler ça un paradis. Mais bon, la cuisine n’est pas terrible et il faut attendre longtemps. Des sources chaudes jaillissent dans les profondeurs du lac, le réchauffent, et on a l’impression de nager dans une piscine.
Je traverse la route et monte à pieds un chemin qui traverse des rizières et des bassins d’élevage de poissons, pour mener jusqu’à un hameau en bordure de forêt. Au soir, des jeunes grattent la guitare et chantent. Autant le soir, les eaux du lac s’agitent en vaguelettes, autant le matin, elles sont toutes plates.

fillettes Minangkabau de Maninjau
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