Bukittinggi à Palupuh

Je vais rester deux jours à errer à pieds et à vélo dans le canyon, entre les averses, allant jusqu’au bout au dernier village, la route devenant piste. De hautes cascades, accessibles de la route où cachées par la végétation, ont été aménagées et leurs bassins servent de pataugeoires pour les familles. Les enfants, même tout jeunes, ne craignent pas l’eau fraiche. Des petits restaurants sous des abris de bois servent boissons chaudes ou froides et soupes aux nouilles. Ambiance bon enfant. Quoiqu’au retour, des gamins à moto me balancent eux aussi un agressif « fuck you ». Sinon, j’entends par ici beaucoup moins de hello mister, les Occidentaux s’aventurant souvent dans le canyon, le plus souvent à moto de location.
Au soir, la femme d’Abdi cuisine d’excellents currys, au tofu, au poulet ou au poisson. Pas d’électricité, on s’éclaire à la lampe à pétrole. Ç’est bien agréable de lire sur le hamac de la terrasse, face au bassin ou croassent les grenouilles. Beau soleil couchant sur les rizières. Je dors si bien dans ce calme que je fais encore des rêves très étranges.
Je prends la route du retour dans la fraicheur matinal, en compagnie des écoliers déjà sur la route, Des paysans secouent les drapeaux dans les rizières effrayant les oiseaux gourmant des graines de riz. Le soleil lèche déjà le haut des falaises, puis je vois à l’approche de Bukittinggi le Mérapi déjà dans les nuages. Je retrouve Ling à la Hello Guest-House, douche et bière, balade encore au marché, où me reconnait un marchand de cacahuètes.
A 11 km de Bukittinggi dans le village de Palupuh que je rejoins à vélo, deux jeunes m’emmènent voir l’unique Rafflesia en fleur en ce moment, la plus grande fleur du monde, par un chemin boueux mais court. Elle est impressionnante, la floraison ne dure qu’une semaine. Au retour, ils m’amènent à la fabrique artisanale de café Luwa, récolté de façon très spéciale : le civet cat (la civette en Français), est essentiellement frugivore et aime notamment manger les grains de café dans les plantations. Il digère la pulpe du fruit, et rejette la graine par excrément. Ces paquets de graines de quelques centimètres de long ne sentent rien et sont ramassés une fois par semaine par des femmes, sont nettoyés, les graines sont séchées au soleil, puis torréfiées, et ça donne un bon café, doux, qui aurait certaines vertus thérapeutiques, rendrait la peau douce. En tous cas au prix où ils le vendent, ça rétrécit pour sûr le portefeuille. Dans d’autres endroits, les civettes sont élevées en cage et ne sont nourries que de café.