2 autres équipes se sont arrêtées là pour manger, on est une dizaine sur le petit plateau vers une cabane sommaire servant de cuisine et dortoir pour les guides et porteurs.
Le cuisinier me prépare un bon repas : soupe aux nouilles et légumes, pommes de terre sautées, sorte de pains grillés aux œufs, thé, jus de fruit chaud, gâteaux secs. Je mangerai vraiment bien et varié pendant ce trek, et malgré l’absence de viande, je ne ressentirai aucun manque.
Les autres équipes repartent pour Tshoka, nous laissant seuls avec les oiseaux. Nima monte ma tente entre des rochers. Un filet d’eau coule à proximité où je peux me laver. La température descend en fin d’après-midi mais la nuit ne sera pas trop froide. Les dzos laissés libres ne s’éloignent pas.
Radio, lecture, petites balades aux alentours, quelques thés, diner à 18h30 (riz/dal, légumes crus, chocolat au lait), un feu de bois, c’est interdit mais ils disent se le permettre car on est seuls, puis dodo à 20h.
11/03/2010 Sachan à Tshoka (3050m) 3h30
Je passe une bonne et longue nuit, quoiqu’ayant dû me relever 5 fois pour pisser, à cause des nombreux thés, chocolats et légumes absorbés, et au fait, comme je l’apprendrai plus tard, que le corps produit davantage d’urine avec l’altitude. Toutes les nuits, j’aurai le même problème, et dormant le plus souvent seul, je finirai par utiliser une bouteille.
La tente est trempée par la condensation.
Après le thé du matin, le cuistot m’amène une cuvette d’eau bouillante pour me laver. Torse nu, j’ai à peine froid mais n’y reste pas longtemps quand même.
Super petit déjeuner. J’observe le yak man charger ses bêtes, l’une essaie constamment de lui donner des coups de corne. Le jeune, 16 ans alors qu’on lui en donnerait 20, crie, frappe.
Nima et moi marchons devant, toujours doucement, sur ce chemin de pierres dans la forêt, assez pentu.
A la pause vers un pont qui sera le dernier du trek, un couple de Français sur la descente me met en garde contre le froid. Leur équipe n’ayant pas pris de tente sinon une 2 places pour eux, a prétexté de ça, du froid et de la neige, pour abandonner l’étape du Goeche La, une histoire que je vais entendre plusieurs fois. La forêt se desserre pour laisser la place aux rhododendrons en début de floraison, aux magnolias, et aux pins juniper. 2 km avant Tshoka, on lézarde au soleil sur un plateau herbeux accueillant deux baraques, dont l’une habitée par un type revenant chargé de bois, et qui nous fait du thé.
Peu après midi, on arrive après une bonne montée au village tibétain de
Tshoka, comprenant sur une colline déplumée, une dizaine de baraques de bois dont 2 ou 3 lodges, fermées, et un refuge assez grand avec quelques carreaux cassés, où on s’installe.
Dans le village, je ne vois qu’un couple avec un enfant, quelques poules, 1 vache, deux petits chevaux, 4 corbeaux, un petit monastère fermé au-dessus d’un étang, deux vieux stupas sur une butte, quelques oiseaux.
Le ciel se couvre, le brouillard envahit vite le lieu, il fait déjà frais, l’après-midi va être long.
Lecture, radio, puis Nima m’emmène un peu plus haut, à l’Himalayan café, une petite pièce dans une baraque en bois, avec un âtre alimenté en bois par une femme vive d’une quarantaine d’année, une table avec bancs de bois autour. Malgré porte et fenêtre ouvertes, il fait bon. On reste deux heures à siroter le thongba, ou chang, la fameuse bière de millet fermenté.
Après un bon diner, je m’enfile dans mon duvet, seul  dans un grand dortoir glacial après avoir bouché tant bien que mal les quelques carreaux cassés.