14/03/2010 Dzongri à Thangsing (3930m) 3h30:
Encore une courte étape sous un ciel dégagé. Chaque matin, la toilette me ravigote et je me sens mieux après. Je me réchauffe aux premiers rayons de soleil en attendant le départ à 9h. Cuistots et aides cassent la glace du ruisseau pour faire la vaisselle. Le sol gelé est couvert de neige et grêle mêlées. Le cuisto me donne chaque matin de l’eau bouillie à l’odeur de fumée pour la journée.
On marche cette fois tous ensembles, je découvre peu à peu la personnalité de
mes compagnons, Nima, marié, deux enfants auxquels il veut donner une bonne éducation, le Yak man de Yuksom, le plus jeune mais le plus bavard, bout en train de l’équipe qui s’essaie difficilement à l’Anglais, chante, invective ses dzos, les frappant souvent avec une corde, Sunil, le porteur timide dont c’est la première sortie, il a dû abandonner ses études faute de moyens financiers suffisants, et le cuisinier son oncle, le plus mal fringué.Après une arête à 4250m, ça redescend gentiment par des collines à la courte végétation, puis un chemin pierreux, humide, parfois verglacé, dans les rhododendrons.
Je suis surpris de voir les yaks descendre aussi vite. On traverse une rivière aux multiples bras sur des petits ponts de bois, pour remonter dans des pierriers le long d’un torrent.
On découvre vers 12h30
Thangsing sur le haut d’une vallée bordée à gauche d’une rivière, surmontés de sommets d’environ 4000m, à droite, des bosquets de rhododendrons surmontés  d’une chaîne de montagnes enneigées dont le Pandim (6691m).
Les toits des cabanes servant de gites et cuisines, ont la plupart été arrachées par une tempête. Le brouillard pénètre dans la vallée, on monte ma tente à l’abri du vent froid derrière un mur, l’équipe s’installe dans une petite cabane sous des tôles où ils dormiront. Ça caille déjà dans l’après-midi. Il y a deux autres tentes, je reconnais les porteurs et cuisinier d’une équipe mixte déjà rencontrée (Canadiens, Australiens, Anglais), partie ce matin au Goeche La. Il neige un peu, j’alterne séjours sous la tente, petites balades, visites aux équipes, thé…pour passer le temps. Je n’ai plus que mon sac de couchage et le drap en soie cette fois, j’appréhende la nuit !
Vers 13h30, 2 types du groupe mixte reviennent exténués du Goeche La avec leur jeune guide. Partis à 4h, ils ont soufferts du froid, de l’altitude, mais la vue est superbe. Ils ont eu froid ici la nuit dernière sous la tente.
Les 2 autres ne sont toujours pas là à 15h alors qu’il tombe une neige gelée, rendant la visibilité quasi nulle. Ils seront là à 16h, s’écroulant de fatigue sur le sol gelé, après 12h de marche. Arrivés tard au col, ils n’ont rien vu ! Et ils doivent redescendre jusqu’à Kokrochung à environ 1h.
Il commence à geler vers 17h. J’ai froid aux pieds et enfile ma troisième paire de chaussettes. Ils ont allumé un feu de bois pour le diner.
A 19h30, je plonge dans le duvet, que je dois mettre en sarcophage, le haut serré autour du visage, sinon, j’ai froid,  malgré Damart et polaire. Mais je suis un peu claustrophobe, et ne peux dormir comme ça, tenant les ficelles pour ouvrir en cas de panique. Longue nuit blanche, à écouter les sifflements du vent.