Nord Thaïlande et nord Laos à vélo: 3400km du 2 decembre 2016 au 15 février 2017
Itinéraire et récit Thaïlande:
La boucle de Mae Hong Son :
Quelques récits de motards et de cyclistes m’ont donné envie de ce parcours réputé difficile et sauvage, avec un important dénivelé. De Chiang Rai, je rejoins Mae Chan par des petites routes puis emprunte la 1089, belle route pas trop fréquentée, traversant des villages, et par Mae Ai, Fang, Tha Ton, avec déjà quelques côtes dont une bien raide, précédant une superbe descente sur Tha Ton. Je dors à Fang, grosse ville commerçante, aux nombreux hôtels aux prix défiant toute concurrence, pour de bien belles chambres.
festival de fleurs à Chiang Rai
Je pars tôt le matin, presque toujours dans le brouillard et une relative fraicheur. En haut d’un col, je rencontre un couple de Hollandais en Bike-Friday, ils se sont fait monter en Songtaew (petit bus), et abordent la descente. De la Country Retreat de Chiang Dao où je suis le seul à y dormir, je pars visiter les grottes, vraiment pas terribles, mais j’apprécie la petite route et les environs.
Juste après Mae Taeng, je prends vers l’ouest sur la 1095, la route des scooters, que louent les « back packers » pour se rendre à Pai. Après une vingtaine de km, je rencontre les premières rampes, ça doit même parfois dépasser les 15%, et si je reste sur le vélo, je dois m’arrêter assez souvent pour souffler. Etape très agréable au Cool Banana Homestay de Ban Pa Pheng, où Peter le Hollandais m’annonce des rampes encore plus raides pour demain.
Et il avait raison, par une route toujours aussi verdoyante, avec forêts et vergers, je souffre sur les 72 km et les 2125m de dénivelé jusqu’à Pai, petite ville envahie par une nuée de touristes thaïs et occidentaux. Mais l’endroit reste bien agréable, avec des cascades, grottes et montagnes à visiter dans les environs. Le soir, les 2 longues rues piétonnes accueillent toute une variété de stands, artisanat, plats cuisinés, musiciens…C’est noir de monde. Une statue géante de bouddha toute blanche, domine la ville. Un immense escalier de béton, d’une largeur démesurée, permet d’y accéder.
descente sur ThaTon route 1089
Plus loin, Soppong est plus tranquille, et une petite route mène aux superbes grottes de Tham Lot vers le village de Mae Lanna. Le marché du matin permet de voir quelques costumes colorés, mais ceux qu’on appelle les minorités ethniques, ne s’habillent en général en traditionnel que pour les fêtes. J’y trouve 1 câble de dérailleur. J’ai dû changer hier un des câbles du Rohloff.
J’atteins un col à 1550m, très fréquenté avec une superbe vue, des stands, et des gamins habillés en traditionnel et proposant de se faire prendre en photo contre rémunération. Village Lisu dans la descente. Des hauteurs, se voient à l’infini des collines recouvertes de forêts profondes. Une nouvelle série de rampes précèdent une zone moins accidentée, et la petite ville de Mae Hong Son, après encore un dénivelé de plus de 2000m. On devine que la ville s’est développée récemment aux maisons nouvelles. Les bords du petit lac s’animent le soir avec le marché de nuit, le temple s’illumine.
Du Doi Kong Moo, colline abritant un temple, on découvre toute la ville entourée de collines boisées, et l’aéroport. Les moines s’agitent à l’entretien des statues, à la vente de fleurs et objets divers destinées aux donations. Ils ont tous un smartphone.
La bonne route continue plein sud, jamais très loin de la Birmanie. Quelques petites routes ou pistes partent vers l’est ou vers l’ouest, vers village, cascade, ou lac, mais il n’y a jamais d’indications de kilométrage, et je ne m’y aventure pas, quand même un peu frustré. Malgré deux bonnes ascensions, peu après Mae Hong Son, et avant Khun Yuam, le relief est moins accidenté que les jours précédents et je dépasse Khun Yuam pour aller camper après une centaine de kilomètres.
Je me suis rapproché de Mae Sariang et la succession de montées et descentes ne m’empêcheront pas d’y arriver tôt. Je me balade dans les environs : temples, villages, rizières…
marché de nuit Mae Hong Son
Deux options s’offrent à moi de Mae Sariang : descendre plus au sud jusqu’à Mae Sot avant de remonter doucement sur le Laos, ou prendre plein est, aller grimper au sommet du Doi Inthanon, contourner Chiang Mai et remonter sur le Laos.
Je choisis le Doi Inthanon. La route 108 grimpe sur une quinzaine de km; en haut dans un bar épicerie, un type bourré m’inquiète un peu. Ça descend puis nouvelle longue ascension. Le ciel se couvre, coups de vent et fraicheur m’accompagnent. Après 70 km et 2500m de dénivelé, je demande à des moines si je peux camper dans l’enceinte de leur monastère, mais ils m’ignorent. Je trouve à camper en altitude dans un bois de sapin. Bonne nuit mais je serai enquiquiné le matin par des sortes de midges voraces.
La petite route qui remonte plein nord sur Mae Chaem me fait encore bien souffrir, montant en serpentant sur les crêtes, plongeant à nouveau avant de remonter. Mais le spectacle est magnifique avec des collines occupées par des maraichages, des plantations de bananiers, de nombreux villages vivants, des fêtes d’écoles, des gens très accueillants. Enfin j’atteins Mae Chaem, petite ville à l’habitat dispersé, entourée de montagnes. J’y dors, laisse mes bagages. Je mets 4 h pour aller au pied du Doi Inthanon par une petite route forestière avec une incroyable succession de rampes casse-pattes sur 21 km. Au croisement, il reste 9 km jusqu’au sommet. Je sympathise avec un groupe de cyclistes thaïs. La pente est cette fois plutôt régulière, de 9 à 10%, avec les 2 derniers km plus faciles. Les Thaïs sont étonnés de me voir rester en permanence sur mon vélo à petites roues, alors qu’eux marchent souvent. Il y a un monde fou, mais très peu de cyclistes. Le sommet ne me laissera pas un souvenir impérissable.
bivouac vers Ob Luang
Sommet Inthanon:2565m
De Lampang à Huay Khon (frontière Thaïlande/Laos) :
Je contourne Chiang Mai par le sud, l’ayant déjà visitée en 2000, pour rejoindre Lamphun, grande ville où je me perds un peu, avec comme toujours de remarquables temples, puis par une 4 voies Lampang, ville très touristiques aux vieilles maisons de teck, avec des guest-houses confortables en bord de rivière. Visites de temples, le lac et ses pécheurs, le jardin botanique, les maisons de teck…Les bords de la rivière, décorés de pots de fleurs, avec la vue sur le pont, se parent de nuances de roses au coucher de soleil.
Pour rejoindre Phrae, je peux enfin quitter la 4 voies en passant par Long, par une agréable petite route enfin plate, bordée de rizières, vergers, ou forêts. J’aime bien Phrae, calme, aérée, propre, avec ses remparts et ses douves entourant la vieille ville. Des particuliers fortunés ont aménagé un musée en recueillant des objets artisanaux de tout le pays, sculptures en bois, statues, poteries, meubles et faïences. Temples et vieilles maisons, le palais royal que deux jeunes filles à l’Anglais approximatif me font visiter, une rue piétonne bordée de nombreux stands, occupent ma journée.
120 km sur une route pas très accidentée, souvent bordée de forêts de tecks, m’amène à la grande ville de Nan, qui s’est développée rapidement ces dernières décennies, grâce à cette nouvelle route. Je dors au tout nouvel hôtel Kasimpat, où les gens très sympas, ne parlent que très peu l’Anglais, mais me chouchoutent, en tant que premier étranger à dormir là. Le « Steak House », avec son jardin en bord de rivière, sert de bons plats. Je passe la journée à encore visiter des temples, toujours différents les uns des autres.
Lampang
J’emprunte une petite route campagnarde vallonnée, par Santisuk, arrive à Pua en milieu de journée, et me fait monter en Songtaew jusqu’au parc National de Doi Phuka, dors au camping au milieu des bois en compagnie de familles thaïes, et quelques jeunes. Ils arrivent en pick-up en fin d’après-midi, passent des heures à monter les tentes, surmontées de bâches en plastique, puis préparent à manger, dinent, chantent, jouent de la guitare, parlent fort jusqu’à une heure tardive, se lèvent au petit jour, remballent et s’en vont, se souciant peu de la nature qui les entoure. Petite randonnée en forêt le matin, où je ne rencontre pas un chat, puis je me paye la belle descente à vélo cette fois pour rejoindre Pua, ville carrefour, où je campe dans le jardin d’une resort.
Je passe 2 jours à Thung Chang au Siam Garden, dans un confortable bungalow dans un jardin, tenu par un Italien motard et sa femme thaï. Je visite à vélo, par des pistes très accidentées, des villages « ethniques », aux maisons de bois sur pilotis, où les gens, très accueillants préparent le nouvel an de leur communauté.
45 km dont les derniers 25, s’ils me présentent des vues magnifiques sur les montagnes, me font aussi monter et descendre de raides pentes dépassant souvent les 10%. Mais je suis heureux d’arriver au Laos, je souffre encore dans les derniers km, je passe sans problème la douane thaïe, quelques centaines de mètres me séparent de la modeste frontière laotienne. Deux douaniers m’accueillent d’un air sceptique, me font laisser le vélo pour aller à pieds à un batiment à 200m.
Accueil froid, je sens que quelque chose ne va pas. On m’apprend que suite à une récente décision, les vélos ne sont pas autorisés à passer cette frontière. Je m’insurge, ai beau leur dire que des dizaines de voyageurs à vélo visitent actuellement le Laos, rien n’y fait. Ou je laisse le vélo à la frontière thaïe, où je retourne en Thaïlande. J’évite de trop m’énerver, et dépité, je dois payer quand même mon visa 30 dollars, et ils me renvoient comme un malpropre en Thaïlande, où on me redonne une exemption de visa de trente jours.
Un van me remmène à Thung Chang, puis je rejoins Chiang Rai en bus.
Du coup, je change de programme, et pars visiter Phayao, belle ville au bord d’un lac. Une petite route permet de se balader au milieu des marécages et d’observer des oiseaux d’eau, malheureusement peu nombreux à cette époque.
Puis je remonte sur une autre frontière, une des plus fréquentées où passent des vélos tous les jours : Chiang Khong/ Houay Say, que je vais atteindre en 2 étapes de 100km. Il pleut, un crachin intermittent, qui va durer une bonne semaine. Il n’y a pas trop de relief, je roule quand même sous la pluie, dors à Chiang Kham , puis au bord du Mekong à Chiang Khong, au Rimkaling, guest-house avec de belles terrasses, avec vue sur le fleuve mais où je passerai une mauvaise nuit à cause de jeunes Allemands qui se croient seuls au monde.
Le lendemain, je commence mon périple laotien.
Le Mekong à Chiang Khong
De retour du Laos, de nouveau de passage à Chiang Khong, je visite cette fois la ville, de nombreux hôtels et guest-houses bordent la rue commerçante. Je retrouve dans les temples thaïs la richesse des décors, contrastant avec la modestie des temples laotiens, cependant plus émouvants.
A 6h du matin, on entend la propagande lao qui traverse le fleuve.
La route de Chiang Saen est en réfection sur une vingtaine de km et ça grimpe pas mal (+1000m sur 20 km), mais ensuite, ça descend bien, puis c’est plat et roulant. A Ban Rim, un moine me fait une démonstration de tambour. 6 Km avant Chiang Saen, un ensemble de temples bouddhistes permet d’accéder à un point de vue à 800m, d’où on voit Thaïlande, Laos, et Birmanie. Chiang Saen ressemble un peu à Phrae avec ses remparts et ses douves, mais comportent en plus de vieux édifices en pierres, temples, stupas…magnifiques en soirée quand le soleil décline, vestiges de l’époque Lanna, d’une histoire remontant à des siècles, en passant par les guerres avec le Birmanie, avant de se stabiliser vers 1957.
Je visite le triangle d’or, l’endroit où se rejoignent Thaïlande, Laos, et Birmanie, en compagnie des touristes chinois. Un musée de l’opium rappelle l’histoire récente de la région, qui approvisionnait le monde grâce aux champs de pavots autrefois cultivés nombreux.
A Mae Sai, de la colline abritant le temple Phratat Doi Wao, on voit les 2 villes sœurs Mae Sai et Tachilek côté birman, de part et d’autre du Mékong.
De Mae Sai, j’emprunte la terrible route 1149, étroite, qui grimpe par la forêt le long de la frontière birmane, avec des rampes où pour la première fois du voyage, j’ai dû mettre pieds à terre. A part un ou deux pick-up et des locaux en scooter, je ne vois pas grand monde. Je peux souffler à la « maison du café », un bar à café avec un massif mobilier de bois en terrasse au-dessus du village, qui sert le café poussé localement.
Après encore de bonnes rampes, j’arrive au point haut juste à la frontière, où l’armée entretient de vieilles tranchées dans un petit parc, où un jeune sert boissons et soupes. Un peu plus loin, l’arboretum de Mae Fah Luang est le premier d’une série de sites à visiter, avec un peu plus bas le temple Doi Thung en haut d’une colline, puis les remarquables jardins de la princesse mère, mère du roi décédé récemment, et sa superbe villa tout en bois. Elle a tout fait jusqu’à sa mort en 1995, pour développer la région, qu’elle a pu sortir de la pauvreté en développant l’artisanat.
Dans la descente, j’ai fini d’user mes patins de frein et j’ai dû les changer en urgence.
Mae Fah Luang jardins royaux
Je redescends sur Mae Cham, pour à nouveau grimper, cette fois sur Mae Salong par les routes 1130 et 1234. D’abord plate ou légèrement montante, la route s’élève ensuite plus sèchement, puis replonge dans un vallon, avant de regrimper sec sur 6 ou 7 km jusqu’au village, étalé sur une crête, avec des vues remarquables sur les plantations de thé et d’autres villages au loin. Ç’est un des plus beaux endroits de mon voyage. Je peux y faire quelques balades à pieds jusqu’aux villages installés dans les pentes. Les gens sont plutôt indifférents, ils ont l’habitude de voir les touristes déambuler et prendre des photos. Un gamin de 10 ans m’a gratifié de nombreux « fuck you » avec gestes à l’appui.
Les habitants sont d’origine chinoise, disciples de Chiang Kai Check et du Guomindang, venus se réfugier ici après leur déroute contre les armées de Mao. Après avoir vécu de la culture et la vente d’opium pendant des décennies, le gouvernement thaïlandais les a fortement convaincus de se mettre plutôt à la culture du thé et du café.
Je dois encore absorber du dénivelé avant de descendre vers le croisement de la route 1089 déjà empruntée en décembre, et d’atteindre Tha Ton, an bord de la Nam Kok, et je prends le temps cette fois de visiter les temples et la superbe pagode de cristal perchée sur un sommet. A l’intérieur, une rampe en escargot, bordée de statues, peintures, bas-reliefs, d’une richesse incroyable, permet de jouir d’un remarquable point de vue.
3 heures de bateau sur la Nam Kok me permettent d’atteindre les sources chaudes de Pha Soet, d’où je reprends le vélo pour atteindre, bien plus haut, l’Akha guest-house, après une pente démente de plus de 20%. J’y séjourne 2 jours, en pleine montagne, avant de rejoindre Chiang Rai à une vingtaine de km, terme de mon voyage de 10 semaines.
Mae Salong
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Chiang Rai/Phayao/Chiang Khong :
De Chiang Khong à Chiang Rai, par le triangle d’or et Mae Salong :
Après deux voyages à vélo en Thaïlande en 2000 et en 2008 me revoici dans ce pays attachant où il est agréable de voyager. Les routes sont excellentes, on trouve facilement à manger et dormir un peu partout à des prix abordables, et les gens sont plutôt sympathiques, surtout dans le nord. En dehors des zones touristiques, l’Anglais reste peu pratiqué.
Dans les collines du nord, les pentes peuvent être extrêmes. Prévenu, j’avais adapté pignon et plateau de mon Bike-Friday, et une seule fois, j’ai dû marcher, sur la 1149 vers Mae Sai.
Il m’est arrivé aussi de rouler sur des 4 voies avec pas mal de trafic, vers Lamphun, Lampang, Phrae, et ça n’est pas bien agréable. Mais il y a toujours une large bordure pour les 2 roues.
Pour ce voyage, je vais rester dans le nord.