Meghalaya
De Silchar, je reprends le vélo. La route, surélevée pour éviter les inondations, à cette altitude de seulement 100m, bordée de rizières où pâturent vaches, chèvres et buffles d’eau, devient de plus en plus trouée au fur et à mesure de ma progression. Travaux, poussière ou boue s’ils ont arrosé ou pas. Beaucoup de contacts sympas, souvent des types à moto se demandant ce que je fais là seul à vélo. Je retrouve les attroupements typiques de l’Inde quand j’arrête boire le thé. Peu après Badarpur, j’attaque les collines du Meghalaya. De nombreux palmiers à bétels bordent la route, je me demande comment ils font pour aller en cueillir les noix si hautes perchées. Des centaines de sacs attendent les transporteurs. La nuit tombe déjà vers 16h30 quand je passe le village de Sonapur. Pas moyen de camper, trop de pente. Des types gardant une station de pesage des camions me proposent un lit dans un abri à deux murs, que j’accepte. Je m’exhibe en slip au bassin, prenant une douche froide au godet, je suis plein de poussière. Je me fais des nouilles, ils admirent mon petit réchaud à alcool fait d’une canette en alu (p3rs). J’ai du mal à m’endormir, gêné par les lumières des camions, le bruit de la télé à fond à côté, leurs voix alors qu’ils boivent du whisky qu’ils achètent avec l’argent rançonné auprès des chauffeurs de camions en infraction, pratiquement tous. Je vois bien leur manège, les bras qui se tendent. Sinon, c’est pesage ! A minuit tout s’arrête et ça s’endort enfin.
L’étape suivante sera courte mais costaud, 1405m de dénivelé positif, 8,8 km/h de moyenne, ça grimpe presque tout le temps, par une bonne route d’abord en forêt, puis arrivant sur un haut plateau, bordée de carrières d’extraction de charbon. La sueur me brûle les yeux. Je mange regardé par des curieux, riz, légumes, mouton, soupe, jus de fruit et eau minérale pour 1,5€.
Vers 13h30, j’arrive à une petite ville née il y a peu grâce à l’extraction de charbon, Ladrymbai, avec la grande zone du bazar (marché), et des embouteillages de camions chargés de charbon, que je dois passer à pieds. De grandes maisons neuves, celles de ceux qui possèdent les mines, côtoient des baraques en tôle, celles des ouvriers travaillant dans les mines, souvent venus du Bengladesh ou du Népal.
Je décide d’arrêter au Mid-Valley à la sortie de la ville, avec des employés bien sympathiques, comme les gens dans la ville d’ailleurs. En mangeant, un indien de passage me parle de l’extraction du charbon, les trous sont creusés en rond avec un escalier en colimaçon, et des galeries perpendiculaires étroites sont ensuite creusées, où sont envoyés les gamins à plat ventre pour extraire le charbon, sans protection.