On a bien du mal à trouver un bon endroit où planter la tente, pas trop humide, l’eau de fonte coule un peu partout, et pas trop caillouteux. On couchera tous les 3 sous la même tente. Pour l’instant, il ne fait pas trop froid en ce début d’après midi. Je suis sidéré de voir quelques oiseaux à cette altitude, assez familiers.
Ça se rafraîchit nettement sur le soir, neige et pluie fine m’oblige à diner sous la tente. Guides et porteurs restent dehors à siroter de la bière artisanale et discuter. Pasang mouille ma doudoune qu’il m’a empruntée, et je vais un peu cailler cette nuit. Porteur et guide se partagent un matelas et un sac de couchage ! Ils sont collés l’un à l’autre !
high camp 4700m
20/05/2010 High camp, Ganja la (5120m), cabanes de
Dhukpu (4040m) 10h
Je vois le matin arriver avec plaisir, le soleil est revenu, une couche de 7 ou 8 cm de neige recouvre le sol gelé, ce qui ne va pas faciliter notre progression dans les blocs. La toile est recouverte de glace épaisse.
On part tard à mon avis, 7h40, tous ensembles. Pasang prend mon sac d’autorité, car dit-il, ça va être raide et difficile, et on voit vite qu’il a raison.
Ça commence par une grimpette dans des éboulis, puis une forte pente de neige qu’on négocie en zigzagues, nous enfonçant parfois jusqu’à l’aine. Pasang fouille sans arrêt la neige pour y retrouver ses baskets pourries.
Enfin le col se montre, peu engageant, et je ne vois pas où ça pourrait passer en sécurité. En fait, ça ne passe nulle part en sécurité. On arrive au bas d’un couloir de neige étroit et raide qui pourrait nous mener au niveau du col un peu sur la droite. Les guides tentent ce passage, en vain, la neige est verglacée, peu épaisse, et les cailloux roulent sous leurs pieds. Aucun équipement. Il faut traverser l’étroit couloir pour rejoindre une vire exposée, escalader quelques blocs, pour rejoindre sur la gauche le petit col. Les guides taillent des marches.
Je passe en premier, Pasang m’assure à la main, je ne vois pas comment il pourrait me retenir en cas de chute. Ça n’est pas bien difficile mais pas sérieux de passer ça sans une corde pour assurer.
Enfin, on arrive tous entiers au col à 9h40. Ça valait vraiment le coup, je ressens une grosse émotion de joie devant ce fabuleux spectacle, de rage un peu aussi d’avoir eu la trouille.
Dans la nuit, j’ai froid, j’entends des blocs dévaler les pentes, la neige s’accumule sur la tente et il faut périodiquement secouer pour éviter de la casse. Nuit blanche.