Manipur, Mizoram
Je dors cette fois chez Nino, grande maison qu’elle partage avec sa famille, où elle loue des chambres spacieuses. On visite à nouveau Kigwema son village natal, abattage d’un bœuf dans une cour, vite fait et vite vendu sur place. Nino chique le pan, coutume amené par les Indiens, mélange de lait de chaux, de noix de bétel, de tabac, citron, cardamone, enroulé dans une feuille puis mâchouillé. Dans le village, la maison confisquée en 1944 par le général japonais Sato a retrouvé ses habitants légitimes.
La guest-house de Nino (www.explorenagaland.com) est sur la route d’Imphal, la capitale du Manipur, ça me fait gagner quelques kilomètres, il en reste quand même 125.
Si le Nagaland est peuplé en majorité de Nagas chrétiens, la population du Manipur (2,2 millions d’habitants sur 22300km²) s’avère plus diversifiée, les Météis, des hindous néovishnaïtes, habitant les vallées comme celle d’Imphal, sont entourés de Nagas, Chin, Kukis, et quelques autres ethnies, principalement des chrétiens, vivant dans les collines, et pas souvent d’accord avec eux.  Une route relie l’état à la Birmanie, le passage de la frontière restant interdit aux touristes. Des dizaines de groupes rebelles occupent les collines, rançonnant les commerces et hommes d’affaires, commettant des attentats de temps à autres, refusant tout accord avec le gouvernement indien, qui joue la patience.
Je ne suis donc pas très confiant quand je prends le vélo. Mais ça se passe plutôt bien, par une route  bonne au début grimpant par à-coups jusqu’à 1800m, et j’arrive vite à Mao, premier village de Manipur où je dois me faire enregistrer dans un petit bureau militaire. Tous les transports sont contrôlés. Les gens sont un peu plus réservés qu’au Nagaland. Beaucoup de convois militaires ravitaillent les bases disséminées dans l’état. Ça descend maintenant mais sur une route défoncée, je n’avance guère. Un peu avant Raman, un grand type sort de sa maison et me hèle, j’allais m’arrêter mais j’ai vite deviné à son allure qu’il n’avait probablement pas de bonnes intentions et j’ai profité de la descente pour le semer, alors que là, il n’y avait personne dans les environs. Il a crié, crié en courant, il m’a fait peur ! J’arrête mangé un riz poulet dans un tout petit resto bien sympa, avec une  femme très étonnée aux petits soins pour moi. Ça descend encore, je zigzague entre les trous, mange un peu de poussière et arrive à Sénapati, petite ville commerçante, où on m’a conseillé de faire étape. Petite chambre un peu délabrée au Wizard, mais propre et à la literie ok. Il fait frais à 1125m, douche froide, brrr !! Avec le brouillard, la nuit tombe à 16h30, plus de restos après 17h, plus de courant, je mange des nouilles à la bougie dans ma chambre. Heureusement que j’ai la radio, BBC.