Au matin à 6h45, il gèle presque avec un épais brouillard, la route est encore défoncée sur une quinzaine de kilomètres puis ça s’arrange un peu. J’arrive dans la vallée d’Imphal, ça devient plutôt plat, il y a pas mal de gens à vélo et j’ai de bons contacts, meilleurs qu’hier. Des rizières déjà récoltées où paissent des bovins occupent la vallée. Un prof originaire de Bombay m’offre le thé et me parle des insurgés dont il se méfie. Il me déconseille d’aller seul à vélo d’Imphal à Silchar, ce que me répètera un capitaine de l’armée indienne à l’entrée d’Imphal. Je pénètre dans la ville par un long boulevard à quatre voies de 4 ou 5 kilomètres. Contrairement à Kohima, Imphal s’étend en plaine, très aérée. Circulation trépidante, rickshaws à vélo ou à moteur, mâcheurs de pan, bazars, klaxons, tas d’ordures ici et là, on est bien en Inde. Des camions militaires, des véhicules blindés surmontés de mitrailleuses prêtes, sillonnent la ville dans l’indifférence générale. Les gens s’y sont habitués. Malgré l’heure, midi, et un grand nombre d’hôtels, j’ai du mal à trouver une chambre. Je ne verrai aucun occidental en 4 jours à Imphal. Je visite les marchés des différents quartiers, le ladies’ market, immense, tenu que par des femmes, les monuments locaux. Je vais jusqu’au lac Loktak, un peu décevant avec toutes ces pelleteuses curant les bords.
Je prends finalement l’avion pour rejoindre Silchar en Assam, porte pour rejoindre le Meghalaya puis Guwahati, pas très glorieux ! A vélo, j’y ai renoncé, en partie à cause du type qui m’a couru après, qui m’a quand même secoué, et des conseils qu’on m’a donnés. En jeep, j’y ai renoncé parce que la route est défoncée, il faut 14 heures pour 240 km, et la presse parle d’un pont en travaux qui a bloqué des centaines de camions.
L’assassinat des deux otages créée encore beaucoup d’agitation, la famille des victimes et leurs amis ont mis à sac et brûlé les locaux de la compagnie des eaux, des routes sont coupées, une grève générale est imposée, mais j’aurais quand même mon avion, retardé quelques heures à cause du brouillard.
Je séjourne un peu à Silchar, ville typique de l’Inde où je me sens bien, avec beaucoup de Bengalis. Pendant Noël,  je vais passer quelques jours à Aizawl, la capitale du Mizoram, en jeep, sur une route agréable côté Mizoram, serpentant dans les collines boisées.
Aizawl occupe un ensemble de collines. Les Mizos, chrétiens, se montrent plutôt indifférents, déambulant par milliers dans le centre-ville sur l’immense marché de Noël.  Je renonce à m’enfoncer plus loin dans le pays, ils ne connaissent que le tourisme de groupes, encore très peu développé. Je manque décidément de motivation !