Il est de l’Uttaranchal Pradesh à quelques 3500 km de là. Il m’annonce 2 ou 3 autres camps sur ma route où je pourrai trouver de l’aide en cas de besoin. Je continue donc, m’arrêtant de temps à autre dans une baraque à thé. Dans l’une d’elles, une violente dispute éclate entre deux types, je pars avant qu’ils n’en viennent aux mains. Je vois de grandes plantations d’ananas dans les collines, vente de fruits en bord de route. Les maisons dans les villages sont assez quelquonques, les habitations traditionnelles ont été détruites par les opérations militaires. Je suis déjà à 1000m d’altitude et je reste à ce niveau sur une vingtaine de kilomètres. Des gamins étonnés me crient des bye bye. La plupart des gens parlent anglais. Ils ont tellement de dialectes qu’il leur est plus facile d’échanger en anglais entre différents groupes ethniques. Alors que la pente devient raide, j’aperçois Kohima construite sur une succession de collines, encore un peu dans la brume. Ça bouchonne un peu, je passe le cimetière militaire, je dois plusieurs fois demander mon chemin, la ville, à vrai dire n’est pas très esthétique, et pas très propre. Après plusieurs ronds-points, j’arrive vers 13h30 au Jäpfu, grand hôtel accueillant plutôt des groupes, seul endroit où j’ai trouvé une chambre en période de festival du Hornbill (toucan) qui a lieu tous les ans la première semaine de décembre. Le Nagaland est un état sec, pas d’alcool, je peux avoir quand même une bière au Jäpfu.
Je peux assister aux deux derniers jours du festival, à Kisama à 7 km de Kohima, festival de chants, danses, par les différents groupes ethniques du Nagaland. On devine à leurs accoutrements et à certains de leurs chants et danses, qu’il valait mieux ne pas tomber entre leurs mains pendant les guerres inter-villages. On trouve sur le site, produits locaux, artisanat, des associations d’étudiants proposent de la restauration. On peut camper sur le site, il y a eau et toilettes. Je visite à côté le musée de la bataille de Kohima de 1944, vraiment très bien fait, impressionnant : les Japonais, installés déjà en Malaisie et en Birmanie voisine, s’attendaient à une attaque des Anglais en Birmanie en 1944, et pour les en empêcher, ont pris Kohima, Imphal, la capitale du proche Manipur et la route les reliant. Les Anglais, aidés sans défaillance par les Nagas alors que l’armée indienne supportait plutôt les Japonais, ont fini par reprendre les lieux après une féroce bataille.
Nino Zhasa, une fille naga gérant une guest-house (voir ici) à proximité du site du festival, me fait visiter
le village de Kigwema, par des ruelles de pierres, propres, avec de grandes maisons traditionnelles servant maintenant au stockage du riz, les lieux de réunion, cercles dallés de pierres entouré de blocs rocheux, faisant penser à ceux des villages de la cordillère centrale des Philippines. Avec Nino, il est plus facile d’aborder les locaux qu’elle connait et faire des photos, mais je sens une certaine gêne chez les jeunes, à l’air un peu désœuvré.