J ai beaucoup rêvé en me promenant dans Esfahan, ville d'art et d'artisanat, avec de superbes mosquées, en fait de vrais villages, l'immense bazar couvert aux parfums mélangés, sa rivière tranquille, qu'enjambent les nombreux ponts romains abritant des salons de thé et narghilé.
Pour rejoindre Chiraz à 500 km d Esfahan, je prends la route de montagne, par Yasuj, et que de sourires encore. Le site de Persépolis, où je suis seul à errer, entre les colonnes, les bas-reliefs…laisse deviner la grandeur de la civilisation mésopotamienne, dont j'avais déjà pris conscience en visitant l'excellent musée de Téhéran. Les tombeaux de Darius, son fils Xerxès et son petit-fils Artaxerxés qui lui ont succédé, creusés dans la falaise
de Nagh et Rostam à une cinquantaine de kilomètres de Persépolis, me plongent encore dans des rêves étranges, seul encore dans ce site impressionnant, même pas gardé le soir.
La chaleur s'intensifie dans les zones désertiques du sud, les nuits restant fraiches. Je me cache derrière des collines pour camper. Partout je vois des traces de 4X4…Du haut des remparts de la citadelle de l'oasis de Bam, je regarde vers le sud, 600 km de route désertique à traverser, avec seulement quelques rares villages, le long de la frontière afghane, abritant les trafics les plus divers, armes, électronique, drogues…Les trafiquants n'aiment pas être dérangés, deux Hollandais qui faisaient du camping sauvage dans la région, ont été surpris dans la nuit, des balles ont sifflé sur le haut de la tente et sur les vélos. Je m'arrête donc camper près des tours servant de postes d'observation aux policiers iraniens, eux-mêmes pas très rassurés non plus. Chaque année, une centaine d'entre eux laisseraient leur peau dans des confrontations.
Au consulat iranien d’Istanbul, on m’a fait attendre une semaine pour finalement ne me donner qu’un visa de transit de 5 jours ! J’obtiendrai deux extensions dans le pays, qui porteront la durée de mon séjour en Iran à 28 jours, pas assez pour tout faire à vélo- c’est un grand pays- et voir au moins une partie de ses merveilles. Je prendrai donc un bus sur une partie.Un séjour apprécié fait de rencontres chaleureuses, avec des gens cultivés et accueillants, avides de contact avec les occidentaux malgré les images négatives qu’en véhicule la presse iranienne. Tout le contraire de ce que j’imaginais, des jeunes filles voilées, mais dont les jeans dépassent des longues et austères robes noires.