3)Guwahati à Dibrugarh (Assam):835km
Je reste rive sud du fleuve qu’en fait je vois rarement. La route, plate, souvent défoncée et en travaux, traverse quelques bois, des plantations de thé, des rizières déjà coupées, puis des plantations de cocotiers, palmiers, bananiers, manguiers. Etape à Nagaon, ensuite les bords de route se font un peu plus peuplés, fermettes, villages, petits commerces, charrettes, vélos, motos, et beaucoup de bandes de jeunes indiens dans ou sur des bus, rickshaws, vans, jeeps, chantant, dansant, criant même, avec musique à fond crachée par de gros haut-parleurs. Ils vont piqueniquer à Kaziranga me dit-on. Dés la signalisation de l’entrée du parc, immense, 430 km², avec près de 2000 rhinocéros unicornes et des dizaines de tigres, j’arrête vers la partie ouest, à la Kaziranga Resort, qui m’offre un immense bungalow dans un grand parc pour 1000 roupies. Ils organisent d’ici des safaris à dos d’éléphants et en jeep. Il n’y a que des touristes indiens, beaucoup de contacts le soir autour d’un feu de camp. Le lendemain je pars en jeep sur les chemins de terre du parc, traversant des zones boisées, des marécages, des herbes hautes ou brûlées. On aperçoit vite des cervidés, des oiseaux d’eau, de grands échassiers, les oies et canards, les cigognes, des sangliers…Ce n’est qu’en fin de parcours qu’on peut observer deux rhinocéros unicornes dans les hautes herbes, puis un autre à découvert, imposant, il nous observe, tourne un peu en rond, puis s’éloigne lentement. Tôt le jour suivant, me voilà sur le dos d’un éléphant, mais on me fait redescendre, il y aurait un problème technique dans ce coin du parc, inaccessible aujourd’hui ! J’apprendrai par la suite que des braconniers avaient abattu un rhinocéros pour en couper la corne. Le braconnage est un fléau que les gardes, mal équipés, mal payés, pas toujours motivés, ont du mal à endiguer. Et tigres et rhinocéros en font les frais. Du coup je visite à vélo quelques hameaux en bordure du parc et ce n’est que le lendemain que je pourrai faire ce safari à dos d’éléphant en compagnie d’une famille indienne. On pénètre mieux dans les marécages, buffles d’eau, 4 ou 5 rhinocéros pas contents d’être dérangés, des cormorans, en plus de tous les animaux déjà vus hier.
Je passe une nuit à Kohora, petite ville avec quelques commerces et son petit marché, et où se trouve le Kaziranga Tourist Complex, tout un ensemble d’hôtels, et cantines bons marchés pour visiteurs d’un jour, et un kiosque d’où partent sans arrêt les jeeps pour les safaris. Je me ravitaille en roupies au distributeur de la petite banque locale. On en trouve un peu partout en Inde, et ça facilite beaucoup le voyage, si ce n’est que les frais pratiqués par nos banques françaises sont à mon avis exagérés.
A un de mes nombreux arrêts thé en direction de Jorhat, un type un peu éméché se barre avec mon vélo chargé, zigzaguant, frôlé pas bus et camions et je crains le pire. A son retour, je lui fais gentiment comprendre que ça ne se fait pas, il reconnaît qu’il n’aurait pas dû faire ça. Déjà à Kohora alors que je retirais de l’argent le vigile avait commencé à enfourcher mon vélo ! Du coup je n’arrête plus jusqu’à Jorhat, même quand un policier m’y incite.