21/05/2010 Dhukpu à Tarkegyang (2580m) 5h15
Cette fois je dors mieux, quoique m’étant relevé 3 fois pour pisser sous la nuit étoilée et sur une croûte de neige gelée.
On devait partir tôt, mais ça ne sera qu’à 7h45. Guides et porteurs planquent des affaires dans les buissons environnants pour les récupérer à leur retour.
On  se dirige vers le sud, ça finit par bien descendre, avec plusieurs options, ils choisissent les plus raides. L’Américain marche très lentement. Les pauses pour l’attendre sont agréables dans la forêt de sapins,
rhododendrons, magnolias, avec des petites fleurs printanières en bordure de chemin. Un dernier col, Yangrima à 3770m, d’où on voit au loin la chaine de l’Everest, et on fond par des sentes boisées très raides sur le village de
Tarkegyang, dont on voyait les toits depuis un moment, aux maisons très serrées, séparées de ruelles de pierres, quasi désert.
Melanchigaon occupe un plateau à mi pente de l’autre côté de la rivière Melanchi.
Quelques gouttes de pluie nous accueillent devant la longue bâtisse de la Tarkegyang lodge, dans un endroit plus aéré, puis ça se calme, le soleil revient.
Bière et discussion, Pasang me prend à part pour me parler de ses trois filles de 3, 5, et 7 ans pour lesquelles il souhaiterait que je lui trouve des sponsors pour les scolariser en école privée.
Je dis que j’essaierai d’en trouver. Il m’assure qu’il pourrait, si je reviens, m’emmener au Shisha Pangma, le quatorzième 8000m. Je lui donne 1000 roupies de pourboire à partager avec Pemba. Ils repartent par le même itinéraire, espérant arriver à Kyanjin demain soir.
Visite du village, du monastère où on peut rentrer malgré les moines en prière. Un Américain, un Allemand, un Brésilien, tous très jeunes, sont à la recherche d’un autre américain séjournant par ici pour des recherches sur le bouddhisme.

Ils dinent tous à la lodge le soir, leurs échanges sur le bouddhisme montrent une grande érudition sur le sujet. Ils s’enfilent aussi quelques verres de gnôle locale. Le jeune Allemand veut à tous prix nous montrer ses photos sur son minuscule APN, un peu lassant. Si je m’y mettais avec déjà mes plus de 6ooo photos !  
22/05/2010 Tarkegyang à Sermathang (2590m) 4h
Bonne nuit avec cette fois une température idéale, je suis réveillé par des pigeons vert et bleu courant sur le toit.
Je repars seul à 7h en direction de Sermathang, l’Américain et le Thaï se dirigent sur Thimbu.
Le chemin traverse de la forêt, le plus souvent en balcon. Des oiseaux, des fleurs, de la douceur malgré le temps légèrement couvert, les conditions ont bien changées.
J’arrive vers 8h30 à GhangYul, village au monastère un peu particulier parce que de l’ordre de Drukpa Kagyupa, plutôt prévalent au Bhoutan et au Ladakh, alors que dans ces vallées prédomine l’ordre de Nyingmapa.
Plus bas, je discute longuement avec le propriétaire de la Dolma lodge, qui tout jeune a vécu un peu en France. Quand il avait 9 ans, ses parents ont rencontré des trekkeurs français de Lille, qui ont décidé de l’emmener en France pour le scolariser là-bas. Mais après quelques mois, comme il s’ennuyait de son pays, de son Dahl bat épicé quotidien, il a fallu le ramener au pays, où les Français ont payé sa scolarité pendant une quinzaine d’année. Maintenant, il possède cette petite lodge et une maison à Katmandu. Il me confirme qu’on rencontre par ici beaucoup de trekkeurs français venus voir les enfants qu’ils aident.
L’école publique est de piètre qualité, pas de cours d’Anglais, instituteurs mal payés et démotivés, d’où l’intérêt pour les écoles privés. Ça fabrique des exclus.
Je repars, prends toujours à gauche aux fourches, comme le gars me l’a dit. J’arrive à des chortens au-dessus de Chimi dont je vois les toits.
Sermathang et sa soixantaine de maisons s’étend dans un creux un peu plus bas, entouré de cultures en terrasses d’orge et de légumes.
Accueil souriant du couple, de leurs enfants, et de 3 filles d’une ONG à la Yangri guest-house.
Le village aux vielles maisons, ruelles de pierres, comprend plusieurs monastères, une épicerie. Il est depuis peu relié à Katmandu par bus via Melamchi Pul Bazar, 7 heures de trajet pour 80 km, en partie par de la piste de montagne.
Je dine dans la
superbe salle à manger de la guest-house, au plancher de bois, aux étagères vitrées bien fournies d’ustensiles de cuivre.