Alaska/Terre de Feu à vélo: récit succinct
Alaska : La route n°3 s’enfonce dans une nature généreuse, d’immenses forêts de pins et de bouleaux, des rivières grondantes gonflées des eaux de fonte des glaciers de la chaine de l’Alaska.
Nous restons une semaine à randonner à vélo et à pieds dans l’immense parc Denali, 4 fois plus grand que le département de l’Aube, à la rencontre d’une faune abondante : ours, élans, renards, wapitis, écureuils, marmottes, ptarmigans…Et beaucoup d’oiseaux.
De Fairbanks, juste au-dessous du cercle polaire arctique, nous nous dirigeons vers le Yukon.
sur la route n°3
dans le parc Denali
Canada : Nous traversons le Klondike et visitons Dawson-city, la cité de la ruée vers l’or.
Nous parcourons des centaines de km dans les forêts sans fin du Yukon et de la Colombie Britannique, nous baignant dans les lacs et les rivières, péchant, ramassant framboises et fraises des bois, prenant garde aux ours, très friands de ces baies sauvages.
Dawson Creek, le mile 0 de la route de l’Alaska, construite par les Américains en 1943 pour faire face à la menace japonaise, symbolise la fin du grand nord.
Nous nous séparons à Prince George.
Je découvre les fantastiques paysages des parcs nationaux du Mont Robson, de Banff, Jasper, Kootenay où j’aurai la joie et l’angoisse de rencontrer par 3 fois des ours.
Mont Christie
Watson Lake
Etats-Unis : J’y pénètre par le Montana et le parc Glacier prolongeant le parc Waterton canadien, m’enivrant d’images. Puis se succèdent les semaines et les mois dans les états sauvages de l’ouest américain, Wyoming, Utah, Arizona, Nevada, les parcs nationaux de Yellowstone, Grand Teton, le parc des Arches, Canyonland, Monument Valley, Natural Bridges, Glenn Canyon, Capitol Reef, Bryce Canyon, Zion, Grand Canyon du Colorado, puis Las Vegas, et encore la vallée de la mort, le Yosémite…
L’état de Californie, avec San Francisco, Los Angeles, San Diego, me replonge dans la foule et la modernité. Puis je vais baigner dans une autre culture en Amérique latine.
geyser à Yellowstone
chien de prairie
Mexique : A Tijuana, ville frontière au nord de la Basse-Californie, je prends contact avec d’autres gens, d’autres paysages, inquiet au début, puis enchanté par l’accueil, les petites plages tranquilles, la nourriture très variée. Je reste plus de 3 mois au Mexique, il faudrait des années pour tout voir, tant le pays est grand et son histoire riche. Et je me sens même bien à Mexico-City, la ville la plus grande, et peut-être la plus polluée au monde. Le Chiapas au sud sera un des états les plus marquants, avec San Cristobal de Las Casas, Palenque, Agua Azul, et la révolte naissante des zapatistes.
bivouac sous la tempête en Basse Californie
manifestants zapatistes dans le Chiapas
Amérique Centrale : Pays chauds dans tous les sens du terme. Le Guatemala souffre de la guérilla, 30000 indiens se sont réfugiés au Mexique, traqués par les troupes gouvernementales. Les affrontements sont meurtriers. Dommage, c’est un pays exceptionnel à visiter, avec des volcans à plus de 4000m. J’escalade le volcan de Agua avec un guatémaltèque, et le volcan Acatenango avec un Hollandais.
Au Salvador, la paix vient d’être signée entre gouvernement et révolutionnaires, il aura fallu des milliers de morts.
Le Honduras, pour lequel on ne m’a accordé qu’un visa de transit de 3 jours, suffisant pour le traverser à vélo, mais pas pour y faire du tourisme alors qu’ils ont besoin d’argent, me rappelle l’Afrique, terres sèches.
Le Nicaragua se remet difficilement de longues années de lutte interne, la situation reste instable. Dans la banlieue de Managua, des milliers de gens survivent dans des cabanes en planches, cartons, tôles, en état d’extrême pauvreté.
Le Costa Rica, en paix depuis longtemps, s’en sort beaucoup mieux. Les parcs nationaux couvrent 12% du territoire.
Les Américains surveillent de près la situation au Panama, préoccupés par le canal. Il vaut mieux éviter certains quartiers de Panama-City, où pas mal de touristes se sont fait détroussés.
Après déjà 10 mois et 19500km, je prends l’avion pour Cartagène, au nord de la Colombie sur la côte caraïbe, trop chargé et trop seul pour m’aventurer dans la jungle du Darien.
en compagnie d'une famille d'accueil à Guatemala City
marché de Leon au Nicaragua
Amérique du sud :
Colombie : 30 ans de guérilla, assassinats en tous genres, forte délinquance, les cartels de la drogue, problèmes d’énergie, les gens sont habitués mais souffrent. Ça pourrait être un pays prospère. En vélo là-bas on est un roi. Ils sont très fiers de leurs pros du tour de France : Parra, Herrera…
collégiens de Sincelejo
requin-scie
Equateur : Je m’y sens beaucoup mieux mais l’accueil y est moins chaleureux, peut-être parce qu’il y a davantage de touristes. Je reste sur la cordillère des Andes, aux environs de 3000m, fasciné par les marchés indiens.
Je tente l’ascension du Cotopaxi à 5900m, une tempête nous oblige à renoncer à 5700m.
moisson
jeunes de Cayambe
Pérou : retour sur la côte. Le nord désertique est encore épargné par la guérilla menée par le sentier lumineux d’Abimaèl Guzman. Dès que j’approche de Lima, l’angoisse monte, en écoutant les radios locales relatant les exactions sanglantes des révolutionnaires. Mais grâce à l’accueil de familles péruviennes, tout se passera bien pour moi.
Je fais connaissance ensuite des peuples de l’altiplano, et des lamas, alpacas domestiques, puis des vigognes sauvages.
festival de Cuzco
iles Uros
Bolivie : Les rives du lac Titicaca, le plus haut lac navigable du monde à 3812m, m’amènent en Bolivie, pays pauvre mais attachant, relativement sûr.
En traversant ces petits hameaux aux huttes de terre dans un environnement désertique, je me demande de quoi peuvent vivre ces gens.
Le bivouac sur le salar d’Uyuni, la Laguna Colorada avec ses flamants roses, le passage au Chili par Apacheta avec la descente sur San Pedro de Atacama, resteront parmi les moments les plus forts du voyage.
bivouac sur le salar d'Uyuni
à Chiguana avant la montée à la Laguna Colorada
Chili : Le désert d’Atacama serait le plus sec du monde, une partie n’aurait jamais reçu d’eau. Les paysages y sont pourtant très variés. Dommage que le vent soleil qui souffle à cette époque soit un vent du sud assez fort, me ralentissant et me taquinant les oreilles. Il s’arrête en même temps que moi le soir, et repart avec moi au matin, plutôt collant !!
Après Santiago, c’est bien vert dans la région des lacs et des volcans, souvent comparée à la Suisse, puis blanc dans les glaces de Patagonie.
Je fais un fantastique voyage en bateau jusqu’à la Laguna San Rafael au milieu des icebergs, avant d’emprunter la mythique carretera austral.
sculpture dans le desert d'Atacama
salto del Laja
Argentine : Passant par le lac Carrera, puis Périto Moreno avec son fameux glacier déversant des tonnes de glace dans un grand fracas dans le lac, Je vois des milliers de moutons sur des milliers d’hectares, des vents indescriptibles.
Je termine le voyage jusqu’à Ushuaia en Terre de Feu, la ville la plus australe du monde devenue très touristique, en compagnie de 3 Espagnols.
Je fais quelques randonnées à pieds en Terre de Feu puis en Patagonie à proximité du Fitzroy, du Cerro Torre, des tours du Paine. Puis il me faudra 4 avions pour rentrer à paris depuis El Calafate, via Rio Gallegos, Buenos Aires, et Sao Paolo.
tatou
la fin de la route, une n°3 comme au début en Alaska!